Digressions pour un plaideur solitaire

Biographie de Diogène Machin, Avocat à la Cour

Diogène Machin est devenu avocat et ça valait bien une biographie ! A son image, son cursus et sa carrière sont atypiques et d’aucuns les qualifieraient de “border line”. Dans ce récit on en apprend beaucoup sur le personnage et sa pratique, mais, de parenthèses en digressions, on en apprend surtout sur l’auteur et la profession d’avocat.  

Il s’agit d’un pseudo essai à mi-chemin entre la biographie apocryphe, le roman burlesque et l’étude de mœurs frauduleuse.

En cours d’écriture…

Dessin que m’a offert le dessinateur Barberousse (Philippe Josse) à l’occasion d’un mémorable repas d’huîtres chez un célèbre avocat.

Extraits

    « Je jure comme avocat d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ».

A la tribune, l’intervenant n’avait guère que cette seule phrase à prononcer. Et pourtant, il avait buté sur chaque mot et ravalé trois fois sa salive. Par chance, son public avait été épargné des renvois gastriques caractéristiques des déjeuners professionnels arrosés et mal digérés ! L’orateur était rond, un brin serré, il avait une belle robe et les pommettes étaient rouge rubis. Un bon millésime mais qui avait mal vieilli ! Vous aurez apprécié, je l’espère, les références œnologiques pour décrire l’homme quelque peu aviné qui était à la barre. Je veux parler du prédicateur du jour, celui qui avait toutes les difficultés du monde à prononcer la formule sacramentelle. Il est vrai que les bâtonniers ne sont pas élus pour leur éloquence et celui qui présidait cette année-là la cérémonie d’intronisation des jouvenceaux frais émoulus de l’école des avocats de Viroflay – nul n’est parfait – avait largement passé l’âge de la retraite oratoire !

    Par un bel après-midi d’un janvier maussade, le statut d’impétrant de Diogène Machin…

    A ce propos, je vous dois une explication sur le nom dont j’ai affublé ce garçon, héros de cette biographie non autorisée (les biographies autorisées sont, à mes yeux, sans le moindre intérêt et s’apparentent plutôt à des éloges panégyriques teintées de servilités dithyrambiques, termes difficiles à placer, vous le reconnaitrez, mais j’en suis plutôt satisfait !) Ce plaideur solitaire s’appelle donc Diogène Machin et je l’ai connu quand j’étais moi-même un de ces « bavards », terme littéraire, ou « baveux » pour les vieux locataires de la Santé, que l’on nomme avocats. Pour préserver son anonymat je l’ai prénommé Diogène en mémoire du philosophe grec, fondateur du courant des cyniques, orateur de la liberté du verbe, capable d’un mot ou d’un geste de choquer les vertueux. Autant de qualités qui ont tendance à se perdre aujourd’hui ! Le cynisme est décidemment contagieux ! Et j’ai pensé que des parents imaginatifs, les « Machins », avaient eu l’idée de prénommer leur fils Diogène. Ce n’est pas plus compliqué que ça ! Votre curiosité est ainsi rassasiée.

    Donc, je disais…